La Choppe Insomniaque (taverne)

Suivant les indications que lui avait donné Caleb, Kateline se dirigea vers la place Sinderdale et, après avoir trouvé la boutique du souffleur de verre, remonta une petite allée sordide. Le bas de sa longue robe épousait le sol tandis qu’à chacun de ses pas on pouvait entendre le froufroutement de ses jupons. Enfin elle aperçut un bâtiment d’où filtraient encore quelques raies de lumière.
Le vent fit grincer le panneau de bois indiquant le nom de la taverne : La choppe Insomniaque.

Parfait !

Doucement elle poussa la porte et pénétra dans la salle enfumée du bistrot. Un instant elle se figea, tous les regard se tournèrent vers elle, les clients cessèrent de boire, les joueurs n’osèrent plus lancer leurs fléchettes et le musicien dans un coin fit taire son instrument.

Hola ma p’tite dame. V’z’êtes pas trompé ?

Je suis bien à la choppe insomniaque ?

Ouep.

Alors je ne me suis pas trompé.

Lentement elle s’avança vers le comptoir où elle s’accouda avant de commander un verre de whisky. Le tavernier la servit et elle avala d’une traite le liquide ambré. Elle tournait le dos à la salle et pourtant sentait encore les regards sur elle. Pour sûr ils ne devaient pas voir souvent une femme habillée comme elle d’une robe de bal. Agacée elle se retourna et les fusilla du regard.

Quoi vous n’avez jamais vu quelqu’un qui revient d’un bal ? Un autre s’il vous plait, fit-elle à l’intention du tavernier.

Les clients se retournèrent et doucement l’animation repris.

Dites tavernier....je suis si petite que ça?

S’étant souvent rendu à la choppe insomniaque avec Caleb il ne lui fallu que peu de temps pour s’y rendre. Il allait rentrer quand il se rappela qu’il portait toujours son costume de bal blanc.

Eh bien, le tavernier ne m’aura jamais vu aussi bien habiller.

Il poussa finalement la porte, salua deux trois hommes qu’il connaissait et se dirigea vers le comptoir pour rejoindre Kateline. Elle semblait venue d’un autre monde dans sa robe de bal au milieu de toute ses fripouilles.
Discrètement il s’assit à coté d’elle et un grand sourire aux lèvres s’adressa à elle.

Ce n’est pas un endroit très convenable pour une jeune femme t’elle que vous…

Puis se tournant vers le tavernier.

La même chose que d’habitude s’il te plait.

Ben dit donc j’t’ai jamais vu dans des habits pareil…

Oui je sais et ce sera sûrement la seule fois que tu me verras ainsi ici…Mais j’ai toujours soif…

Le tavernier s’éloigna en riant et ramena bientôt deux verres de vodka à William. Il bu le premier d’une traite.
Puis se tournant à nouveau vers Kateline.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas d’être venu vous rejoindre…C’est Caleb qui m’a indiqué où vous trouver.

Kateline sourit à William. Il semblait dans son élément dans cette taverne même si sa tenue dépareillait dans cet endroit.

Comparé à certains lieux que j’ai fréquentés par le passé cette taverne semble très convenable croyez moi.

Il commanda à boire et, à la conversation qui suivit, la jeune femme compris qu’en effet il devait être un habitué des lieux. Elle le détailla un instant à la dérobée tandis qu’il buvait un verre de vodka et eut un demi sourire. Visiblement c’était bien lui avec qui elle avait dansé un peu plus tôt dans la soirée, et qui d’ailleurs l’avait abandonné promptement. Elle laissa son regard glisser le long de son profil, gravant sans même le savoir son image au fond de sa mémoire. Il se tourna vers elle et, sans trop écouté, la jeune femme se laissa bercer par le son chaud de sa voix un rien rocailleuse. Voyant qu’il attendait une réponse elle se secoua intérieurement. Nom d’un chien qu’avait-il dit ?
Il serait vraiment temps d’arrêter de rêvasser et de se concentrer sur ce qu’on te dit Kate !
Bien…soit elle passait pour une petite greluche stupide et elle lui demandait de répéter soit elle faisait mine d’avoir compris et répondait de façon évasive…. Après quelques secondes de réflexion elle choisit cette deuxième option.

Ah….

Lui qui avait craint qu’elle ne l’accueil pas très chaleureusement fut agréablement surpris.
Lorsqu’il entendit ses pensées puis sa réponse il comprit qu’elle ne l’avait pas écouté…Il sourit ne sachant pas trop comment entamer la conversation sans lui donner envie de se sauver une fois de plus.

J’espère que ma compagnie ne vous dérange pas…

Vraiment pathétique une fois de plus il perdait tous ses moyens quand il se trouvait en face d’elle.

Vous voulez peut être un autre verre ? C’est moi qui offre ce soir.

Cette fois elle s’était concentré pour écouter ses propos et ne pas laissé ses pensées dérivée dangereusement comme à chaque fois quand elle était en sa présence. Il sourit et elle se sentit fondre. Tudieu cet homme avait un drôle d’effet sur elle.

Au contraire….mais je crains que ma compagnie ne soit pas très bonne ce soir, désolée.

Il lui proposa un nouveau verre et elle jeta un coup d’œil vers le sien. Vide ! Fichtre ! Quand l’avait-elle but ? Déjà il trônait à l’envers à côté d’un autre verre vide sans qu’elle n’ait le souvenir de l’avoir vidé.

C’est très gentil à vous mais je ne puis accepter que vous m’offriez à boire. En revanche je veux bien que vous m’accompagniez. Tavernier , la même chose je vous prie.

Tout en vidant son verre il ne la quittait pas des yeux.

Votre compagnie ne peut être qu’agréable voyons. Et pourquoi vous ne voulez pas accepter que je vous offre un verre ?

Il prit un air faussement vexé.

Vous allez me vexez belle Dame.

Il lui sourit. Il ne souhaitait qu’une chose que la nuit soit très très longue…

Elle rit doucement.

Croyez bien que je ne cherchais pas à vous vexer. Je ne permets à aucun homme de m’offrir à boire. Et puis si je faisais cela votre bourse se retrouverait vide en un rien de temps.

Elle rit de nouveau et remercia le tenancier quand il la servit. Doucement elle avala une nouvelle gorgée. Le liquide lui brûla presque la gorge avant de s’attaquer à son estomac et elle toussota un peu. Nom d’un chien mais qu’avait-elle but ? Elle jeta un coup d’œil discret à son verre pour voir que c’était de la vodka, ou du moins cela y ressemblait.
Note pour plus tard éviter la….euh….vodka d’ici…..un petit peu trop forte peut être….

Mais dites moi messire comment se fait-il que vous soyez venu ? Certes Caleb vous a dit que je venais mais je suppose que quelqu’un chez vous va s’inquiétez en ne vous voyant pas rentrer.

Elle but une nouvelle gorgée qui cette fois passa beaucoup mieux tandis que peu à peu elle sentait les effets de l’alcool lui monter à la tête. Les mélanges ne lui avaient jamais réussi et en l’espace de quelques heures elle avait bu au moins quatre alcools différents. Peu à peu elle se sentait plus détendue et elle s’accouda au bar pour mieux écouter les réponses de son vis à vis.

Un instant son sourire s’effaça. Il n’y avait malheureusement plus personne qui ne l’attende chez lui. Ses parents étaient morts depuis bien des années et aucune femme n’était jamais entrée dans sa vie avant elle.
Mais lorsqu’il lui répondit il se força à sourire quand même.

Il y a bien longtemps que plus personne ne m’attend plus chez moi...C’est sûrement pour cela que le tavernier nous connaît si bien Caleb et moi. Nous passons plus de temps ici que chez nous…Mais et vous ? Pourquoi ne pas être resté à la fête ? Alyssia est votre amie il me semble non ?

Confusément Kateline eut l’impression de voir passer un trait de tristesse dans ses yeux. Pourtant, quand il lui répondit, il souriait. Etrange, songea t-elle, pourquoi un si beau jeune homme n’est pas déjà marié et père de famille ? Quand elle se surprenait à penser à lui, bien trop souvent ses derniers temps d’ailleurs, elle le voyait toujours entouré d’une hordes de jeunes filles plus belle les unes que les autres et devant repousser leurs avances. Elle sourit à cette idée et avala une nouvelle gorgée finissant ainsi son verre. Il la questionna sur Alyssia et elle se rembruni au souvenir de l’altercation entre elle et son amie. Elle avait beau se dire que cela passerai avec le temps elle n’arrivait pas tout à fait à faire disparaître la tristesse qu’elle avait ressentit en voyant le regard de Lamiss. Elle fit signe au tavernier qui vint la resservir.

Laissez la bouteille….

Puis, à l’adresse de William :

C’est…une longue histoire. Et puis….j’suis pas vraiment à l’aise dans ce genre de décor. Je ne fais pas partie du clan, moi.

Une mèche de cheveux tomba devant ses yeux et elle la repoussa doucement derrière son oreille avant d’avaler une longue gorgée d’alcool.

J’préfére de loin le climat d’une bonne taverne.

Elle fini son verre et le retourna pour le poser au dessus de ses prédécesseur, commençant ainsi à bâtir une petite montagne de verre.

Alors comme ça vous écumez souvent les tavernes avec Caleb ? C’est donc pour ça qu’il est parfois un peu….

Elle fit mine de tanguer un peu sur les côté comme si elle n’arrivait pas à garder son équilibre même assise puis lui sourit.

…bancale… toujours bon à savoir.

L’alcool aidant sûrement, la jeune femme se détendait enfin.

Il est vrai que nous passons la plupart de nos soirées voir de nos nuit ici mais j’ai rarement vu Caleb sortir en titubant…Peut être est ce l’habitude, mais nous tenons relativement bien l’alcool et nous n’abusons pas…

En finissant sa phrase il jeta un coup d’œil aux verres qui s’amoncelaient déjà devant Kateline. Si elle continuait ainsi elle ne retrouverait même plus le chemin de chez elle…

Si vous n’êtes pas à l’aise dans ce genre de décor nous pourrions aller ailleurs. Un endroit plus calme où nous seront plus tranquille si vous voulez…

Kateline réfléchit un instant et, se faisant, suivit des yeux, sans trop y penser, le contours des lèvres de William. Le souvenir de leur contact était bien trop présent dans la mémoire de la jeune femme et elle détourna bien vite le regard. Elle s’agita un peu sur son tabouret. Elle qui était habituée aux vêtements pratique et, certes, fort peu féminin n’était pas vraiment à l’aise sur un tabouret en robe de gala. Ses mouvements faisant le genou de la jeune femme cogna involontairement celui de son voisin et, sentant l’effet dévastateur que ce contact si anodin avait sur elle, ne put s’empêcher de rosir.
Rouge comme une tomate je dois être rouge comme une tomate. Au secouuuuuurs…..

Je…désolée…je ne l’ai pas fait exprès…. C’est que….je n’ai pas l’habitude de….de…enfin ce n’est pas facile d’être en robe sur un petit tabouret…

Un endroit plus calme ? Avec lui ? Tudieu il ne valait mieux pas ! Cherchant vivement une excuse elle posa les yeux sur la petite pyramide de verres devant elle. Doucement elle les compta, cherchant par là même à reprendre un peu d’emprise sur elle-même.

Quatre… navrée messire mais je ne peux pas quitter la taverne. Cela porte malheurs de partir d’une taverne sans y avoir bu sept verres.

Elle remercia in petto l’ivrogne qui lui avait raconté cette anecdote un soir et fit signe au tavernier de lui apporter un nouveau verre qu’elle remplit avec la bouteille que le tenancier avait laissé.
A peine eut-elle avalée une nouvelle gorgée qu’elle se maudit d’avoir pensée à cette excuse. Nom d’un chien si elle tenait bien l’alcool en règle générale elle doutait tout de même de l’état dans lequel elle serait en sortant si elle devait encore boire trois verre de cette horrible mixture.

Vous ne connaissiez pas cette coutume ? Pourtant si vous passez souvent en taverne vous devriez. C’est connu.

Oui enfin…connu….à vrai dire il n’y avait qu’une seule personne au monde qui lui avait raconté cette histoire là…

Mais au fait messire…je ne crois pas vous l’avoir déjà demandé. Comment avez-vous connu Caleb ? Ce n’est pas au travail car je ne vous ai jamais vu parmi les gardes malgré le fait que vous maniez l’épée habilement. Et d’ailleurs que faites-vous dans la vie ? Vous collaborez avec les mages du Département de Haute magie ? Vous êtes dans le commerce ?...

Il sentit le genou de la jeune femme cogner le sien. Ce simple contact lui remit en mémoire le souvenir de ce qui s’était passé un peu plus tôt. Il ne pu s’empêcher de se demander ce qui aurait pu se passer si Caleb n’était pas intervenu. Les pensées de la jeune femme le sortirent de sa rêverie. Il releva alors le regard vers elle et vit qu’effectivement elle avait rougi. Mais pourquoi ce simple contact la troublait autant ? Apparemment elle ne souhaitait pas se retrouver seule avec lui et l’excuse qu’elle trouva le fit bien rire.

Non, je ne connaissais pas cette coutume. Mais peut être est ce parce que je bois plus de sept verres en général…

Effectivement quand il compta les verres devant lui, il y en avait déjà neuf. Mais il ne ressentait pas du tout l'effet de l'alcool, l'habitude sans doute...
La question de Kateline le ramena des années en arrière. Il connaissait effectivement Caleb depuis bien longtemps…

Ma rencontre avec Caleb remonte à bien des années…Ma mère travaillait comme gouvernante chez ses parents. Etant né la même année nous avons grandit ensemble et fait nos bêtises d’enfance ensemble. Bien que ne venant pas du même milieu nous avons toujours été inséparables. Et c’est d’ailleurs lui qui m’a appris à manier l’épée.
Quand à ce que je fais dans la vie c’est un peu compliqué…Par un temps j’ai été marchand ambulant puis éleveur, fermier et aussi forgeron…Bref j’ai fait beaucoup de métiers différents…

Tout en parlant il fit discrètement signe au tavernier de ramener une bouteille d’alcool moins fort. Non pas que ca le dérangerait de la porter jusqu’à chez elle mais il préférait que la soirée se prolonge encore. Inconsciemment son regard s’arrêta sur les lèvres de la jeune femme. Il ne se souvenait que trop bien du goût qu’elles avaient et ne souhaitait qu’une chose, y goûter encore et encore. Aussi du t’il faire un immense effort pour se contrôler. Il attendait depuis longtemps déjà et ce n’était pas le moment de tout gâcher en faisait l’imbécile…

Trois verres et demi plus tard ils discutaient toujours tous les deux. Les sourires s’étaient multipliés, les rires avaient fusés et les esprits s’étaient détendus autant que les corps. Peu à peu la taverne qui ne dort jamais s’était vidée et ne restaient dans les lieux que le tenancier, un ou deux clients ivres morts sur les tables et eux deux.
Le rire de William résonna sur les murs de bois et celui de Kateline l’y rejoint promptement.

Si si je vous assure. C’est vrai !

Elles avala la fin de son verre et, cela faisant, aperçut la taille maintenant réduite des bougies qui trônaient dans leurs appliques. Elles avaient presque entièrement fondu et quand elle regarda par la fenêtre elle vit la lune sur le déclin. Il se faisait effroyablement tard !

Fichtre ! Je crois bien que je n’ai pas vu l’heure.

Elle déposa quelques pièces sur le comptoir et se remit sur ses pieds mais la pièce sembla soudain tourner autour d’elle.

Je n’aurai peut être pas dut prendre ce dernier verre…

Elle ferma un instant les yeux le temps de se remettre puis les rouvrit mais cela ne changea rien. Ciel comment allait-elle réussir à rejoindre la porte si le sol n’arrêtait pas de bouger sous ses pieds ?

Ça va…ça baigne… ça marche...

Inspirant à fond elle fit un pas en avant puis deux mais un troisième pas se révéla plus compliqué et elle se rattrapa de justesse au comptoir en éclatant de rire. Elle était saoule et cela l'amusait bucoup

ah bah non en fait ça marche pas si bien que ça...

Il tenait beaucoup mieux l’alcool qu’elle et pourtant quand il se leva il vit la pièce tourner autour de lui. Il se retint au comptoir le temps que tout redeviennent normal autour de lui. Bientôt le sol arrêta de tanguer.

On dirait que j’ai légèrement abusé ce soir…Ba j’aurais tout le temps de me remettre…

Il vit Kateline se rattraper de justesse au comptoir et éclater de rire. Bientôt son rire s’ajouta au sien.

Besoin d’aide peut être ? Vous semblez avoir du mal à faire plus de deux pas…A deux nous y arriverons peut être…

L’alcool aidant les langues s’étaient déliées et son désir lui n’avait fait qu’augmenter. Il valait mieux qu’il la raccompagne rapidement avant qu’il ne soit plus maître de lui-même…

Kateline, que son état et son fou rire avaient fait finalement glissé à terre aux pieds du comptoir, releva les yeux vers William. Il ne semblait pas forcément en meilleur état qu’elle mais lui au moins était debout.

Je n’ai aucun mal à faire plus de deux pas… l’ennui c’est que je n’arrive pas à garder mon équilibre pendant plus de deux pas nuance.

Elle rit et lui tendit la main pour qu’il l’aide à se relever. Bien que tous deux chancelant ils réussirent à la remettre debout et s’avancèrent bras dessus bras dessous vers la porte. En passant elle attrapa une bouteille pas franchement pleine et sourit à William.

On est plus vraiment à un verre près non ?

Après avoir saluer le tavernier ils passèrent le pas de la porte manquant de trébucher sur la petite marche qui bordait l’établissement et ponctuant chacun de leurs pas de grand éclat de rire.

Eeeuh…c’est par où déjà ?

Eeeuh…après vous mon cher…

Finalement il avait vraiment bien fait de la rejoindre à la taverne. L‘alcool la rendait plus que joyeuse et détendait l’atmosphère. Un instant l’idée de la guidait jusque chez lui lui traversa l’esprit mais il abandonna bien vite l’idée.

Mademoiselle permettait moi de vous raccompagner jusque chez vous…Du moins si je me rappelle du chemin…

Il éclata de rire et partit en direction de chez Kateline en entraînant cette dernière avec lui.

Kateline se joignit à son rire et le suivit de bonne grâce. Décidément ils formaient un étrange duo, ne sachant ni l’un ni l’autre vers où ils allaient mais marchant, ou plutôt titubant, quand même. A force d’acharnement, et avec l’aide inestimable de nombreux murs qui empêchèrent leurs chutes, ils arrivèrent jusqu'à la place Sinderdale où ils s’arrêtèrent un instant pour inspecter les ruelles.

A votre avis ?

Je n’en ai pas la moindre petite minuscule idée. Peut être euh….par là….non par là….

Ayant indiquée deux directions dans des sens opposées leur avancée n’était guère en bonne voie. La jeune femme regarda l’une des rues puis, admettant que ce n’était pas la bonne tourna la tête vers une autre. Son mouvement un peu trop vif lui fit perdre l’équilibre et elle tomba presque dans les bras de William, se rattrapant à ses épaules. Leurs visages se frôlaient presque et, les yeux perdus dans les siens, elle sentait le souffle de l’homme sur ses lèvres.

Vous avez les yeux les plus troublant que j’ai jamais vu… et je crois bien que j’ai horriblement envie de vous embrasser jusqu’à vous en faire perdre la tête.

Lentement, presque au ralentit, leurs visages s’approchèrent jusqu’à ce que leurs souffles se mêlent pour ne faire plus qu’un. Soudain, Kateline aperçut par-dessus l’épaule de son compagnon une girouette familière.

Ah c’est par là !

Sans difficultés la jeune femme se libéra de l’étreinte de William et s’avança dans la rue.

Vous venez ?

Alors qu’il essayait désespérément de chasser ses envies de la prendre dans ses bras et de la ramener chez lui voila qu’elle y tombait toute seule. De sentir ses lèvres si proches des siennes le rendait fou. Mais avant qu'il est pu faire quoique ce soit elle s'échappa de ses bras et repartit vers l'une des ruelles. Si elle continuait ainsi il ne répondrait plus de lui-même…
Rapidement il la rejoignit.

J’arrive…

Quelques minutes plus tard ils étaient devant chez elle.

La nuit avait été à la fois longue et courte. Caleb avait guetté longuement l’éventuelle arrivée d’ennemi jusqu’à ce que Messire Cole vienne l’informer du déroulement inattendue des événements dans la cité même. Décidément on entrait ici comme dans un moulin. Après avoir parler de cela, entre autre chose, avec le second du capitaine Tsverskoï et avoir passé une nuit de vieille, le jeune soldat redescendit dans la ville. Il n’avait pas vraiment envi de se coucher et, de plus, il ne devrait pas tarder à partir pour son royaume avec son nouveau vassal.
Il se décida donc pour le seul endroit de la cité ouvert nuit et jour : La choppe Insomniaque. Il venait d’y entrer quand il repéra son ami William accoudé au comptoir. Il s’avança vers lui notant avec amusement les vêtements visiblement mis à la hâte et la jolie couleur grisâtre de son visage. La nuit avait dut être agitée pour lui. Il s’assit lourdement à côté de lui et lui mit une bonne claque dans le dos.

Alors mon vieux on dirai que tu sort tout droit du cimetière. Comment s’est passée ta nuit ?

Certes il avait parlé plus fort que nécessaire mais comment résister à l’envie de le torturer un peu ? Visiblement son ami avait la gueule de bois et il comptait bien s’amuser à ses dépends.

Alors qu’il pensait être tranquille à la taverne à cette heure Caleb arriva.

Si tu continues à parler aussi fort tu ne sortiras pas d’ici sur tes deux jambes croit moi…Ma nuit à peut être été courte mais je ne te louperais quand même pas…

Il évita délibérément la question de Caleb sur le déroulement de la nuit.

Que fais tu ici à cette heure ?

Caleb sourit de toutes ses dents. Si William ne parlait pas de sa nuit c’était qu’il avait passé un agréable moment avec une femme et le jeune soldat avait une petite idée de l’identité de l’intéressé.

Une soirée trop arrosé l’ami ? Tu viens te faire un petit déjeuné alcoolique ? Moi ? Bah la nuit était un peu ennuyeuse et comme je dois bientôt rentré à Logre je tenais pas vraiment à aller dormir. Alors… qu’as-tu fais cette nuit ? ou plus précisément, comment elle s’appelle ?

Ce que j’ai fait cette nuit ne te regarde en rien et son nom encore moins !!!
Je ne suis pas sure que Kateline apprécie que tout le monde soit au courant…

Non mais quel idiot il faisait…

Je te préviens un seul mot et tu le regretteras…Et tu n’as rien entendu d’accord !?!Elle me tueras si elle apprend que je t’en ai parlé…

Caleb partit d’un grand éclat de rire. Décidément son ami était irrécupérable. Une nouvelle fois il mit une grande claque dans le dos de son ami.

Ne te fais pas de mouron vas. Je ne dirai rien…. Si tu répond juste encore à une question. C’était comment ?

Il se retenait de rire plus encore et se mordit la joue.

Ah William…

Arrête de me frapper le dos comme ca !!!Ca ne fait qu’empirer mon mal de tête…Et tu peux toujours courir pour que je te réponde…J’en ai déjà beaucoup trop dit…
Tout ce que je peux dire c’est que j’ai bien peur que Kateline ne m’évite encore plus après cette nuit…

Il soupira.

Ca m’apprendra à trop boire…

Caleb masqua son rire derrière un sourire.

Pourquoi crois-tu que je te malmène ainsi ? C’est pour toutes les fois où j’ai eu une gueule de bois d’enfer et où tu ne cessais de me crier dessus. C’est ça l’amitié mon vieux.

Il commanda au tavernier un verre qu’il but d’un trait.

Quand à ta Kateline il y a peu de chance en effet que tu la vois pendant quelques temps. Et pour cause, elle va partir avec moi aujourd’hui.

» A la bière blonde ( taverne)